Contrôle post-opératoire de la prothèse totale de hanche
Une visite de contrôle est systématique auprès de votre chirurgien dans le mois qui suit l’intervention avec une radiographie de la hanche opérée puis les contrôles sont espacés en fonction de l’évolution clinique.
Cependant, après votre sortie de la clinique, l’apparition de douleurs anormales, de gonflements et de rougeurs ou d’un écoulement au niveau de la cicatrice ou de fièvre inexpliquée doit être rapidement signalée à votre chirurgien et Il ne faudra pas hésiter à venir consulter plus tôt devant toute évolution anormale. Le remplacement prothétique de hanche peut entrainer d’autres complications plus rares comme les ossifications périarticulaires de survenue imprévisible, une fracture osseuse lors de l’implantation de la prothèse et qui pourra nécessiter une réparation osseuse chirurgicale associée ou une interdiction temporaire de l’appui.
Le voie postérieure de la hanche a pour désavantage le risque de lésion du nerf sciatique, complication extrêmement rare pour la voie antérieure. Par contre, la voie antérieure présente un risque de lésion du nerf sensitif fémoro-cutané – nerf exclusivement sensitif, responsable de la sensibilité de la partie antérieure de la cuisse mais sans aucune répercussion fonctionnelle.
D’autres complications tels que le descellement (mobilisation) précoce ou tardif de la prothèse, la luxation, certes beaucoup plus rare avec la voie d’abord antérieure, l’infection dont le risque est réduit par la recherche de foyers infectieux avant l’intervention et qui peut nécessiter une reprise chirurgicale avec lavage et changement des implants prothétiques avec antibiothérapie prolongée et enfin un hématome qui nécessite exceptionnellement une ponction ou un drainage chirurgical.
Toutes ces complications spécifiques ou non de ce type de chirurgie sont rencontrées pour tout acte chirurgical. Cependant cette liste n’est pas exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle qu’elle soit bégnine ou grave peut survenir. Votre chirurgien vous détaillera les complications les plus fréquentes et répondra à toutes vos questions.
A distance et dans tous les cas
En cas de fièvre, d’inflammation de la gorge ou pulmonaire, informez votre médecin traitant que vous avez une prothèse de la hanche, il en est de même en cas d’infection urinaire, dentaire, digestive ou de plaie surinfectée cutanée ou d’une autre localisation infectieuse. En effet, toute porte d’entrée infectieuse, même à distance de la hanche, devra être dépistée et traitée car elle pourrait constituer une source d’infection, même tardive, de la prothèse de la hanche.
Reprise des activités habituelles et d’une vie « normale »
La période de convalescence dure 1 à 3 mois. Au départ, chaque patient évolue à son rythme et il faut respecter la vitesse d’évolution de chacun. Une erreur habituelle consiste à croire qu’une rééducation intensive accélèrerait la récupération, ce qui pourrait être la source de douleurs, d’hématome ou de tendinite des muscles fessiers. Cela constitue un bon signe d’alerte et doit inciter à diminuer l’intensité des efforts et au repos temporaire. Il n’y a aucun impératif de distance de marche quotidienne minimale au départ.
Après la chirurgie, l’auto rééducation est suffisante, elle repose sur la pratique de la marche et des escaliers. Les premiers jours, les déplacements à domicile permettent de vivre son quotidien comme pour aller manger, dormir ou faire sa toilette. Cela est amplement suffisant.
La force musculaire vous paraitra diminuée pendant plusieurs jours après l’intervention. C’est une réaction normale des muscles qui ont été écartés pendant l’intervention. Ainsi, certains gestes, difficiles à réaliser les premiers jours, seront plus faciles par la suite.
Certains gestes sont à déconseiller au départ, car sources de douleurs :
- Elévation de la jambe tendue vers l’avant (genou en extension) en position couchée
- Flexion importante de la hanche en passif (hyper flexion du genou et de la hanche vers le torse en position couchée)
- Musculation avec des poids ou des poulies accrochées au pied du patient couché sur le dos ou sur le côté
Gestion de la douleur post opératoire
La gestion post opératoire à domicile de la douleur se fait par l’anticipation du réveil douloureux. Pour cela, veuillez prendre vos antalgiques (médicaments contre la douleur) de manière systématique avant que la douleur n’apparaisse. Il est donc impératif de prendre tous les antalgiques prescrits et remis par votre chirurgien, même en l’absence de douleurs dès votre retour à domicile. L’optimisation de la gestion de la douleur se fera ensuite progressivement par le patient en fonction du ressenti douloureux.
Le glaçage de la cuisse plusieurs fois par jour est une manière efficace de diminuer l’œdème et la douleur de la hanche et la cuisse. Si l’œdème de la cuisse est important, surélever la jambe sur un coussin en journée. L’œdème disparaitra progressivement.
Le port de bas de contention pour lutter contre l’œdème des jambes est également efficace, de même que la prise, en dehors des contre-indications, des anti inflammatoires prescrits par votre chirurgien toujours accompagnée d’une protection médicale de l’estomac.
Utilisation des cannes
Vous pourrez quitter vos cannes au bout de quelques jours. Quittez d’abord la canne du côté de l’intervention, puis l’autre canne quelques jours après. Il n’y a aucun délai à respecter. Certains patients les gardent plus longtemps, plus par précaution que par nécessité.
Pour utiliser vos cannes, la méthode classique pour marcher, consiste à avancer les 2 cannes en même temps que la jambe opérée puis en second temps le côté non opéré est avancé devant le côté opéré.
Pour monter les escaliers, il faut d’abord s’appuyer sur la jambe non opérée et la cannes qui sont posés en même temps sur la marche de dessus puis c’est le côté opéré qui rejoins la jambe non opérée. Pour descendre les marches, c’est l’inverse, il faut d’abord poser sur la marche de dessous la jambe opérée et les cannes puis la jambe non opérée rejoindra la première jambe.
Aménagement du domicile
Vous n’aurez besoin d’aucun équipement particulier : pas de rehausseur de toilettes, pas d’enfile bas, pas de coussin entre les jambes. Eviter, juste pour votre confort et votre sécurité, la baignoire et privilégier l’usage de la douche. Dès le soir de l’intervention, vous pouvez dormir sur le dos ou sur le côté de l’intervention.
Pour vous lever du lit, juste après l’intervention, utiliser l’autre jambe, en les croisant pour soutenir la jambe opérée le temps de récupérer plus de force.
Pour vous lever d’un siège, appuyez-vous sur les deux accoudoirs et prenez appui sur vos 2 pieds.
Reprise de la vie quotidienne et du travail
Dès la fin du premier mois, vous êtes souvent capable de marcher sans canne. L’articulation peut être encore sensible au démarrage ou en cas de marche prolongée. Vous pouvez recommencer à conduire ou porter des charges modérées. Le bricolage et le jardinage sont possibles, mais en douceur et sans excès.
Pour la reprise du travail, cela dépend de votre activité et de votre mode de transport. Une activité nécessitant peu de déplacement ou d’efforts physiques ainsi que le télétravail à domicile peuvent être immédiatement envisagée tandis qu’un travail nécessitant des déplacements importants ne sera repris qu’à 1 ou 2 mois.
La reprise de la conduite automobile peut-être reprise entre la 2eme et la 4eme semaine, en fonction de l’évolution clinique. Les trajets, en tant que passager, sont possibles beaucoup plus tôt. La reprise de l’activité professionnelle peut être très rapide en télétravail. Il faudra compter entre 4 et 8 semaines pour une reprise « normale » du travail.
Vous pouvez être passager d’une voiture dès votre sortie de l’hôpital. Reculez le siège et redressez le dossier à l’angle droit. Faites des pauses régulières en cas de long trajet.
Reprise du sport
La reprise du sport se fera en fonction du type de sport et de la récupération fonctionnelle, après avis de votre chirurgien. Ces délais sont variables et sont donnés à titre indicatif.
Selon les recommandations de l’Association Américaine de la chirurgie de la hanche et du genou, les sports en décharge tels le vélo, la natation, l’aviron, ou les sports d’impacts faibles tels que la dance, le golf, la randonnée, le ski de fond sont conseillés mais il est possible d’effectuer des loisirs sportifs plus exigeants (sports d’impacts intermédiaires) selon l’expérience et la maitrise technique tels le ski alpin, le fitness aérobic, le tennis en double…
Pour optimiser la durée de vie de la prothèse et diminuer les risques de complications, les sports à hauts impacts, contacts et pivot-rotatoires tels, le football, le squash, le rugby… sont déconseillés.
Une autonomie satisfaisante est souvent retrouvée après 4 à 6 semaines et les longs voyages sont possibles dans de bonnes conditions, à partir du 2eme à 3eme mois.
Pour conclure
La prothèse totale de la hanche a été qualifié en 2007 d’intervention du siècle dans la prestigieuse revue médicale The Lancet. Elle ne doit pas vous faire oublier de mener une vie saine et active et de respecter les consignes de votre chirurgien.
Pour éviter la survenue d’une infection secondaire sur votre prothèse, nous vous conseillons de traiter tout foyer infectieux dentaire, urinaire ou cutané auprès de vos médecins habituels. Une bonne hygiène de vie contribue également à éviter les infections : ne fumez pas 6 semaines avant et 3 mois après une intervention chirurgicale osseuse, équilibrez votre diabète et contrôlez votre poids.
Méfiez-vous des conseils contradictoires délivrés par votre entourage, des témoignages positifs ou négatifs sur internet : ils sont également source d’anxiété. Le vécu de chaque personne est unique. Votre chirurgien sera toujours présent pour répondre à vos questions. Soyez patients car la convalescence est parfois longue et le stress augmente l’intensité des douleurs.